Frank Eskenazy, une autre voix juive
Union Juive Française pour la Paix
Frank Eskenazy, une autre voix juive
Si Frank Eskenazy a rejoint depuis quelques années l’UJFP (Union juive française pour la paix), une petite association de quelques centaines de membres, c’est parce que c’est « de là » qu’il veut parler. En tant que juif, porteur de cette identité et de cette culture qu’il revendique comme une part essentielle de lui-même : « Mais je ne veux pas qu’on dise qu’Israël fait cette guerre au nom de tous les juifs ! Pas en mon nom ! Israël adore la paix, mais ne sait faire que la guerre. Ces crimes à Gaza ne feront d’ailleurs que renforcer le Hamas.»
L’UJFP a l’habitude, depuis des années, de travailler avec des associations de Français d’origine maghrébine. Avec le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), aussi. Frank Eskenazy anime la publication de l’association,
De l’autre côté
, une revue poil à gratter dans laquelle on retrouve des journalistes comme Jean Stern ou le réalisateur Eyal Sivan. De l’autre côté ne se gêne pas pour tirer à boulets rouges sur le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), accusé de monopoliser la parole des juifs de France.Pas simple d’être « minoritaire dans une minorité », comme dit Eskenazy. Sa bouille se lève vers le ciel. Il semble se parler à lui-même. Ce quarantenaire a été élevé « dans l’amour d’Israël et le respect de son armée morale, bercé dans la mythologie sioniste ». Jeune adulte, il rompt les amarres, quand il découvre « l’injustice faite aux Palestiniens ». L’occupation des Territoires. La première Intifada, en 1987.
L’Union juive française pour la paix
a été créée sept ans plus tard. Organisation laïque, l’UJFP entend « prendre ce qu’il y a de meilleur dans la tradition juive en s’inspirant de la conduite morale attendue de notre peuple ».Ce goût de la justice, Frank Eskenazy l’a payé cher. Par un éloignement d’avec sa famille – « quand on se voit, on ne parle pas d’Israël. Je reste dans mon coin » – et beaucoup de ses amis : « Les juifs vont défendre la justice, partout, en Tchétchénie, jusqu’au Tibet, mais quand il s’agit d’Israël, ils perdent toute capacité de juger rationnellement. »
Une déchirure. Mais Frank Eskenazy assume : « Il y a un moment où il faut quitter la table de son père », même si ça n’est pas simple.
Il a repris sa liberté ; c’est sa conception de la judéité. Opposé, aussi, à tout communautarisme. Même s’il aime plus que tout l’esprit de la diaspora. Eskenazy affirme que les juifs ne sont jamais si créatifs que quand ils sont minoritaires. Quant au peuple palestinien, qu’il soutient sans réserve, il est sans illusion : « La misère n’est pas belle, et l’occupation ne peut produire que de mauvaises choses » Et qu’on ne lui dise pas qu’il fait le jeu du Hamas, lui qui se définit comme « laïc, plutôt gauchiste et libertin » : « A tous égards, je me sens éloigné des valeurs du Hamas ; j’aurais préféré que les Palestiniens votent autre chose… mais c’est leur choix. » Frank Eskenazy participe activement à l’UJFP. Visites de soutien en Palestine, collectes, manifs. Ici, en France, il s’agit « de maintenir le dialogue », surtout dans les quartiers populaires.
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