UTOPIA : SE REVEILLER
UTOPIA : se réveiller !* par Eyal Sivan, cinéaste israelien
Cela fait des années que les salles du réseau Utopia accueillent
à la fois les films et les débats autour d'importants sujets de société
dont la France d'en-haut n'aime pas discuter. Les salles Utopia font le
lien entre un cinéma indépendant, les réseaux associatifs locaux et les
spectateurs. Mais parmi tous les débats, c'est le conflit
israélo-palestinien qui soulève le plus de passions.
Qu'on soit pour ou contre la décision prise par le réseau Utopia de se
désengager de la sortie nationale du film israélien /«A 5 heures de
Paris»/ de Leonid Prudovsky en décalant sa sortie de quelques semaines,
pour programmer un autre film réalisé par une cinéaste israélienne,
/«Rachel»/, de Simone Bitton, le réseau Utopia doit être salué pour
avoir utilisé sa liberté d'action et d'expression.
Salué pour avoir désenclavé le débat complexe à propos du boycott
académique et culturel du régime israélien et l'avoir transformé en un
mode d'action qui mérite d'être discuté. L'appel au BDS (Boycott
Désinvestissement Sanction) a été émis par des sociétés civiles
palestiniennes et relayées par des centaines d'associations à travers le
monde, y compris par des organisations et personnalités israéliennes.
L'amalgame entre l'appel au boycott (dont les règles sont précises et
n'impliquent pas des individus, mais des organisations) avec l'acte de
solidarité d'Utopia a permis, malgré la campagne de désinformation, de
désenclaver un débat ouvert depuis un long moment déjà, partout en
France, y compris dans les salles Utopia, mais qui était boycotté par
les médias et donc ignoré du grand public.
En agissent ainsi, Utopia a répondu à un appel pressant de relayer la
critique, l'opposition et la contestation exprimée dans le cinéma
palestiniens et dans certains films israéliens, et de les transformer en
une action citoyenne.
Il s'agit de changer les relations entre les films, les diffuseurs /
programmateurs et les spectateurs du cinéma en provenance
d'Israël-Palestine. Car, grand consommateur de cinéma israélien, et
parfois palestinien, le public français (et européen) n'est pas que
l'otage de la machine de soutien à la distribution cinématographique du
gouvernement israélien. Le public français et européen est aussi avide
de comprendre, et avide d'espoir.
A la question incessante posée par le public lors de débats dans les
quelques salles qui accueillent les films boycottés par les grand
circuits –/«Que peuvent faire des citoyens lorsque le gouvernement
français et les hommes et femmes politiques n'ont pas seulement
démissionné d'un quelconque rôle dans le conflit israélo-palestinien,
mais qu'ils se sont alignés en solidarité, parfois obscène (comme ce fut
le cas au lendemain de l'attaque israélienne sur Gaza) derrière la
politique criminelle des autorités israéliennes?»/– l'équipe d'Utopia a
répondu par un acte citoyen et professionnel.
Car le métier d'un programmateur consiste aussi à contextualiser les
films. Utopia a donc décidé de décaler la programmation d'une comédie
sentimentale israélienne (sans que sa qualité cinématographique soit
remise en question), pour programmer un film qui prouve malheureusement
à la fois la qualité prémonitoire du documentaire, et son actualité.
/«Rachel»/, le film de Simone Bitton, raconte l'histoire d'une militante
pacifiste de 24 ans participant à un mouvement international de
solidarité qui fut écrasée par un bulldozer de l'armée israélienne alors
qu'elle protestait contre la démolition des maisons de Palestiniens dans
la bande de Gaza. /«Rachel-Corrie»/, c'est aussi le nom d'un des bateaux
de la flotille qui a tenté de rejoindre Gaza, sans succès.
C'est parce que les programmateurs d'Utopia regardent et connaissent les
films qu'ils programment, parce qu'ils connaissent si bien le cinéma
israélien et palestinien, qu'ils ont pu agir immédiatement et marquer
ainsi leur colère et leur protestation. Alors qu'à nouveau les autorités
israéliennes employaient brutalité et censure des images, Utopia a
décidé de programmer «Rachel», exprimant sa solidarité avec la flotille
/Free Gaza/, s'opposant à la version officielle israélienne, et refusant
que ce crime d'Etat soit aussitôt oublié parmi la dramatique actualité
des faits divers.
En privilégiant une forme de cinéma à une autre, un discours face à un
autre, un petit film indépendant que 99% des salles françaises n'ont pas
programmé à un film qui bénéficie d'une sortie nationale dans 50 salles,
Utopia a agi en programmateur professionnel, libre et (certes) engagé.
Depuis des années, Utopia sert de réseau de distribution aux films
israéliens comme palestiniens refusés par les grands circuits de
distribution français. Aujourd'hui, Utopia montre que la protestation à
l'égard de la politique israélienne et le rappel permanent au respect du
droit international peuvent se faire à tous les échelons de notre
société. Mais il faut oser rendre le débat public.
En effet, c'est la question des relations entre le cinéma israélien et
le pouvoir israélien qui a été soulevée. Il n'est pas surprenant que ce
soit le boycott académique et culturel qui soulève les débats les plus
vifs. Ce n'est pas seulement à cause de sa complexité, mais surtout à
cause de l'utilisation des produits culturels israéliens par l'appareil
de propagande et de marketing d'Israël (ce n'est pas le propos ici, mais
il faudra par ailleurs prendre le temps d'étudier le phénomène du succès
du cinéma israélien, ainsi que la relation entre son contenu et la
promotion étatique dont il bénéficie).
Limor Livnat, ministre de la culture israélienne, ne cesse de le
répéter: /«Le cinéma israélien prouve à chaque fois que la culture est
la meilleure ambassadrice de l'Etat»/. En effet, alors que le cinéma
israélien (et particulièrement le cinéma documentaire) ne bénéficie
d'aucun soutien pour sa diffusion/distribution en Israël, il est
largement soutenu et financé par les services culturels des ambassades
israéliennes. Pour exemple, s'ouvrira le 21 juin à Marseille un Festival
de films israéliens soutenu par le consulat d'Israël. Ce type de
manifestations officielles se déroule parfois à l'insu des auteurs qui
ont déjà appelé plusieurs fois à ne pas être instrumentalisés par le
gouvernement israélien, quelquefois avec des pressions commerciales des
distributeurs sur les réalisateurs comme ce fut le cas cet hiver au
Forum des Images à Paris lors de la rétrospective Tel-Aviv, et souvent
par le refus des auteurs eux-mêmes d'exprimer quelconque engagement
politique.
Les détracteurs diront que la promotion par les autorités israéliennes
d'un cinéma qui peut être considéré comme critique est un signe de santé
démocratique. Nous savons tous qu'aucun Etat démocratique en guerre ne
promeut ses opposants, et quand il le fait ça s'appelle de la
propagande. La promotion de certains films dits «critiques» est un
intérêt d'Etat, ce qui explique que même le ministre des affaires
étrangères actuel, le leader d'extrême-droite Avigor Liebermann, n'a pas
donné l'ordre aux services consulaires de cesser le soutien à la
distribution à l'étranger de certains films, où ils sont considérés
comme «critiques». Il s'agit naturellement de maintenir l'illusion
démocratique, alors que le régime d'apartheid dans les territoires
occupés par Israël prive plus de trois millions de personnes d'accès à
la culture et à l'éducation, et cela depuis plusieurs dizaines d'années.
Le cinéma israélien a été clairement désigné par les autorités
israéliennes comme un produit d'exportation dans lequel il vaut la peine
d'investir, même si les spectateurs et cinéastes israéliens n'en
profitent pas. Déjà, à l'ouverture du Festival International du Film à
Haïfa en 2007, le président israélien Shimon Peres a rappelé que /«le
cinéma américain a créé l'image de la grande Amérique dans le monde, car
ce cinéma a plus d'influence que l'armée ou l'administration
américaines. Les films nous permettent de rêver d'être plus beaux, plus
intelligents et meilleurs. Et si le rêve américain a été créé par
Hollywood, pourquoi ne pourrions-nous pas, nous aussi, rêver ?»/
Peres appelle à une augmentation des investissements, considérant le
cinéma comme un moyen d'endormissement des masses.
J'espère qu'Utopia incitera beaucoup d'autres à réveiller les Israéliens
du rêve illusoire dans lequel ils se sont enfermés, avant que la réalité
ne devienne un cauchemar pour nous tous.
==========================================================
L’affaire Utopia autour du film israélien: une polémique obscène
<http://la-feuille-de-chou.fr/?p=10628>" par Simone Bitton, sur Rue 89
ou france-palestine.org, et etc...
========================================
sur blog d'un strasbourgeois, par ailleurs membre BN UJFP...
http://la-feuille-de-chou.fr/?p=10625
ou sur http://www.*ujfp.org*/modules/news/article.php?storyid=766
<http://www.ujfp.org/modules/news/article.php?storyid=766>
Soutien de citoyens israéliens aux cinémas Utopia
*14.06.2010
*
*Merci Utopia !*
Nous soussignés, citoyens israéliens, cinéastes, enseignants et ouvriers
de la culture, nous souhaitons remercier le circuit des salles Utopia
pour leur décision de décaler la programmation du film israélien “A 5
heures de Paris” et de programmer le film “Rachel” en réaction à
l’attaque menée par l’armée israélienne sur la flottille de la
Liberté. “Rachel”, de la cinéaste marocaine-israélienne-française Simone
Bitton, raconte l’histoire de Rachel Corrie, une militante américaine de
23 ans écrasée par un bulldozer de l’armée israélienne alors qu’elle se
posait en bouclier humain pour les habitants de Gaza. Un des bateaux de
la flottille “Free Gaza” repoussée par les bulldozers israéliens portait
le nom de Rachel Corrie. La décision du réseau Utopia a été prise au
moment où le bateau “Rachel Corrie” faisait route vers la Bande de Gaza
sous blocus et alors que la comédie sentimentale “A 5 heures de Paris”
sort dans 50 salles à travers la France.
Nous voyons dans la décision d’Utopia la continuation d’une longue
tradition de programmation de films israéliens et palestiniens et d’un
engagement profond aux côtés de la culture, des spectateurs et des
cinéastes. C’est à la lumière de cet engagement qu’Utopia a modifié son
programme et a proposé à ses spectateurs de connaître en profondeur la
réalité à Gaza – à travers les yeux d’une cinéaste israélienne. Il ne
s’agit pas de censure. Personne n’appelle au boycott des artistes
israéliens. Il s’agit d’un acte de solidarité citoyenne, solidarité avec
les civils palestiniens de Gaza, avec les membres du mouvement
international de solidarité et avec des citoyens israéliens comme nous,
qui aspirent à une vie fondée sur l’égalité et la justice en
Israël-Palestine.
Malheureusement, la machine de propagande israélienne utilise également
la création artistique, y compris le cinéma, pour donner d’Israël
l’image d’un Etat démocratique et éclairé, afin de camoufler des crimes
de guerre, la ségrégation, l’occupation et la répression.
L’establishment israélien inaugure des campagnes de “repositionnement”
publicitaire et des opérations d’image de marque en collaboration avec
le ministère des affaires étrangères et celui de la culture, alors qu’en
Israël, la ministre de la culture répète que « le cinéma israélien
prouve à chaque fois que la culture est la meilleure ambassadrice de
l’Etat”. La même ministre s’en prend violemment et publiquement à toute
critique de l’occupation et de l’apartheid, que celle-ci soit exprimée
par des artistes citoyens israéliens ou étrangers.
Le gouvernent israélien emploie un appareil de terreur et de censure
contre toute possibilité d’expression artistique palestinienne libre.
Cet appareil persécute des artistes et des intellectuels palestiniens,
empêche des projections de films, des conférences académiques et des
évènements culturels. Et interdit l’entrée sur le territoire aux
artistes et intellectuels internationaux qui souhaitent exprimer leur
solidarité avec les opprimés.
Nous refusons de faire partie de cette machine bien huilée de
propagande, nous refusons de prendre part au camouflage de l’occupation
et de la répression et de contribuer à la création d’une image de
“démocratie éclairée”. Nous refusons toute tentative de transformer le
persécuteur en persécuté, et l’agresseur en agressé – que ce soit dans
les eaux internationales ou dans le monde de la culture.
Nous sommes heureux que les gens d’Utopia soient nos alliés et
partenaires dans notre combat pour l’égalité et la justice.
Merci Utopia !
Premiers Signataires :
Udi ALONI, réalisateur
Ariella AZOULAY, cinéaste et essayiste
Mohammad BAKRI, réalisateur et comédien
Daphna BARAM, écrivaine
Yael BERDA, sociologue, poète
Tamar BERGER, écrivaine
Haim BRESHEETH, cinéaste et universitaire
Amit BREUER, productrice
Shai CARMELI POLLAK, réalisateur
Sami Shalom CHETRIT, cinéaste, écrivain, poète
Scandar COPTI, réalisateur
Anat EVEN, réalisatrice
Jack FABER, artiste visuel
Yael FREIDMAN, enseignante en cinéma
Natalie HAZIZA, réalisatrice
Ala HLEHEL, écrivain et scénariste* *
Avi HERSHKOVITZ, réalisateur
Rachel Leah JONES, réalisatrice
Hagit KEYSAR, artiste visuelle
Yael LERER, éditrice, éditions Andalus
Juliano MER-KHAMIS, cinéaste, metteur en scène, comédien
Erez MILER, artiste visuel
Ruchama MARTON, présidente de PHR
Rela MAZALI, écrivaine
Judd NE’EMAN, réalisateur, lauréat du Prix Israël du Cinéma
Ofer NEIMAN, universitaire
Ilan PAPPE, historien
Erez PERI, directeur du Festival des Films de Sud à Sderot
Zmira RON, metteur en scène
Oz SHELACH, écrivain
Eyal SIVAN, réalisateur
Renee SIVAN, muséologue
Mati SHEMOELOF, poète
Amir TERKEL, cinéaste
Eran TORBINER, réalisateur
Einat WEIZMAN, comédienne
Cela fait des années que les salles du réseau Utopia accueillent
à la fois les films et les débats autour d'importants sujets de société
dont la France d'en-haut n'aime pas discuter. Les salles Utopia font le
lien entre un cinéma indépendant, les réseaux associatifs locaux et les
spectateurs. Mais parmi tous les débats, c'est le conflit
israélo-palestinien qui soulève le plus de passions.
Qu'on soit pour ou contre la décision prise par le réseau Utopia de se
désengager de la sortie nationale du film israélien /«A 5 heures de
Paris»/ de Leonid Prudovsky en décalant sa sortie de quelques semaines,
pour programmer un autre film réalisé par une cinéaste israélienne,
/«Rachel»/, de Simone Bitton, le réseau Utopia doit être salué pour
avoir utilisé sa liberté d'action et d'expression.
Salué pour avoir désenclavé le débat complexe à propos du boycott
académique et culturel du régime israélien et l'avoir transformé en un
mode d'action qui mérite d'être discuté. L'appel au BDS (Boycott
Désinvestissement Sanction) a été émis par des sociétés civiles
palestiniennes et relayées par des centaines d'associations à travers le
monde, y compris par des organisations et personnalités israéliennes.
L'amalgame entre l'appel au boycott (dont les règles sont précises et
n'impliquent pas des individus, mais des organisations) avec l'acte de
solidarité d'Utopia a permis, malgré la campagne de désinformation, de
désenclaver un débat ouvert depuis un long moment déjà, partout en
France, y compris dans les salles Utopia, mais qui était boycotté par
les médias et donc ignoré du grand public.
En agissent ainsi, Utopia a répondu à un appel pressant de relayer la
critique, l'opposition et la contestation exprimée dans le cinéma
palestiniens et dans certains films israéliens, et de les transformer en
une action citoyenne.
Il s'agit de changer les relations entre les films, les diffuseurs /
programmateurs et les spectateurs du cinéma en provenance
d'Israël-Palestine. Car, grand consommateur de cinéma israélien, et
parfois palestinien, le public français (et européen) n'est pas que
l'otage de la machine de soutien à la distribution cinématographique du
gouvernement israélien. Le public français et européen est aussi avide
de comprendre, et avide d'espoir.
A la question incessante posée par le public lors de débats dans les
quelques salles qui accueillent les films boycottés par les grand
circuits –/«Que peuvent faire des citoyens lorsque le gouvernement
français et les hommes et femmes politiques n'ont pas seulement
démissionné d'un quelconque rôle dans le conflit israélo-palestinien,
mais qu'ils se sont alignés en solidarité, parfois obscène (comme ce fut
le cas au lendemain de l'attaque israélienne sur Gaza) derrière la
politique criminelle des autorités israéliennes?»/– l'équipe d'Utopia a
répondu par un acte citoyen et professionnel.
Car le métier d'un programmateur consiste aussi à contextualiser les
films. Utopia a donc décidé de décaler la programmation d'une comédie
sentimentale israélienne (sans que sa qualité cinématographique soit
remise en question), pour programmer un film qui prouve malheureusement
à la fois la qualité prémonitoire du documentaire, et son actualité.
/«Rachel»/, le film de Simone Bitton, raconte l'histoire d'une militante
pacifiste de 24 ans participant à un mouvement international de
solidarité qui fut écrasée par un bulldozer de l'armée israélienne alors
qu'elle protestait contre la démolition des maisons de Palestiniens dans
la bande de Gaza. /«Rachel-Corrie»/, c'est aussi le nom d'un des bateaux
de la flotille qui a tenté de rejoindre Gaza, sans succès.
C'est parce que les programmateurs d'Utopia regardent et connaissent les
films qu'ils programment, parce qu'ils connaissent si bien le cinéma
israélien et palestinien, qu'ils ont pu agir immédiatement et marquer
ainsi leur colère et leur protestation. Alors qu'à nouveau les autorités
israéliennes employaient brutalité et censure des images, Utopia a
décidé de programmer «Rachel», exprimant sa solidarité avec la flotille
/Free Gaza/, s'opposant à la version officielle israélienne, et refusant
que ce crime d'Etat soit aussitôt oublié parmi la dramatique actualité
des faits divers.
En privilégiant une forme de cinéma à une autre, un discours face à un
autre, un petit film indépendant que 99% des salles françaises n'ont pas
programmé à un film qui bénéficie d'une sortie nationale dans 50 salles,
Utopia a agi en programmateur professionnel, libre et (certes) engagé.
Depuis des années, Utopia sert de réseau de distribution aux films
israéliens comme palestiniens refusés par les grands circuits de
distribution français. Aujourd'hui, Utopia montre que la protestation à
l'égard de la politique israélienne et le rappel permanent au respect du
droit international peuvent se faire à tous les échelons de notre
société. Mais il faut oser rendre le débat public.
En effet, c'est la question des relations entre le cinéma israélien et
le pouvoir israélien qui a été soulevée. Il n'est pas surprenant que ce
soit le boycott académique et culturel qui soulève les débats les plus
vifs. Ce n'est pas seulement à cause de sa complexité, mais surtout à
cause de l'utilisation des produits culturels israéliens par l'appareil
de propagande et de marketing d'Israël (ce n'est pas le propos ici, mais
il faudra par ailleurs prendre le temps d'étudier le phénomène du succès
du cinéma israélien, ainsi que la relation entre son contenu et la
promotion étatique dont il bénéficie).
Limor Livnat, ministre de la culture israélienne, ne cesse de le
répéter: /«Le cinéma israélien prouve à chaque fois que la culture est
la meilleure ambassadrice de l'Etat»/. En effet, alors que le cinéma
israélien (et particulièrement le cinéma documentaire) ne bénéficie
d'aucun soutien pour sa diffusion/distribution en Israël, il est
largement soutenu et financé par les services culturels des ambassades
israéliennes. Pour exemple, s'ouvrira le 21 juin à Marseille un Festival
de films israéliens soutenu par le consulat d'Israël. Ce type de
manifestations officielles se déroule parfois à l'insu des auteurs qui
ont déjà appelé plusieurs fois à ne pas être instrumentalisés par le
gouvernement israélien, quelquefois avec des pressions commerciales des
distributeurs sur les réalisateurs comme ce fut le cas cet hiver au
Forum des Images à Paris lors de la rétrospective Tel-Aviv, et souvent
par le refus des auteurs eux-mêmes d'exprimer quelconque engagement
politique.
Les détracteurs diront que la promotion par les autorités israéliennes
d'un cinéma qui peut être considéré comme critique est un signe de santé
démocratique. Nous savons tous qu'aucun Etat démocratique en guerre ne
promeut ses opposants, et quand il le fait ça s'appelle de la
propagande. La promotion de certains films dits «critiques» est un
intérêt d'Etat, ce qui explique que même le ministre des affaires
étrangères actuel, le leader d'extrême-droite Avigor Liebermann, n'a pas
donné l'ordre aux services consulaires de cesser le soutien à la
distribution à l'étranger de certains films, où ils sont considérés
comme «critiques». Il s'agit naturellement de maintenir l'illusion
démocratique, alors que le régime d'apartheid dans les territoires
occupés par Israël prive plus de trois millions de personnes d'accès à
la culture et à l'éducation, et cela depuis plusieurs dizaines d'années.
Le cinéma israélien a été clairement désigné par les autorités
israéliennes comme un produit d'exportation dans lequel il vaut la peine
d'investir, même si les spectateurs et cinéastes israéliens n'en
profitent pas. Déjà, à l'ouverture du Festival International du Film à
Haïfa en 2007, le président israélien Shimon Peres a rappelé que /«le
cinéma américain a créé l'image de la grande Amérique dans le monde, car
ce cinéma a plus d'influence que l'armée ou l'administration
américaines. Les films nous permettent de rêver d'être plus beaux, plus
intelligents et meilleurs. Et si le rêve américain a été créé par
Hollywood, pourquoi ne pourrions-nous pas, nous aussi, rêver ?»/
Peres appelle à une augmentation des investissements, considérant le
cinéma comme un moyen d'endormissement des masses.
J'espère qu'Utopia incitera beaucoup d'autres à réveiller les Israéliens
du rêve illusoire dans lequel ils se sont enfermés, avant que la réalité
ne devienne un cauchemar pour nous tous.
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L’affaire Utopia autour du film israélien: une polémique obscène
<http://la-feuille-de-chou.fr/?p=10628>" par Simone Bitton, sur Rue 89
ou france-palestine.org, et etc...
========================================
sur blog d'un strasbourgeois, par ailleurs membre BN UJFP...
http://la-feuille-de-chou.fr/?p=10625
ou sur http://www.*ujfp.org*/modules/news/article.php?storyid=766
<http://www.ujfp.org/modules/news/article.php?storyid=766>
Soutien de citoyens israéliens aux cinémas Utopia
*14.06.2010
*
*Merci Utopia !*
Nous soussignés, citoyens israéliens, cinéastes, enseignants et ouvriers
de la culture, nous souhaitons remercier le circuit des salles Utopia
pour leur décision de décaler la programmation du film israélien “A 5
heures de Paris” et de programmer le film “Rachel” en réaction à
l’attaque menée par l’armée israélienne sur la flottille de la
Liberté. “Rachel”, de la cinéaste marocaine-israélienne-française Simone
Bitton, raconte l’histoire de Rachel Corrie, une militante américaine de
23 ans écrasée par un bulldozer de l’armée israélienne alors qu’elle se
posait en bouclier humain pour les habitants de Gaza. Un des bateaux de
la flottille “Free Gaza” repoussée par les bulldozers israéliens portait
le nom de Rachel Corrie. La décision du réseau Utopia a été prise au
moment où le bateau “Rachel Corrie” faisait route vers la Bande de Gaza
sous blocus et alors que la comédie sentimentale “A 5 heures de Paris”
sort dans 50 salles à travers la France.
Nous voyons dans la décision d’Utopia la continuation d’une longue
tradition de programmation de films israéliens et palestiniens et d’un
engagement profond aux côtés de la culture, des spectateurs et des
cinéastes. C’est à la lumière de cet engagement qu’Utopia a modifié son
programme et a proposé à ses spectateurs de connaître en profondeur la
réalité à Gaza – à travers les yeux d’une cinéaste israélienne. Il ne
s’agit pas de censure. Personne n’appelle au boycott des artistes
israéliens. Il s’agit d’un acte de solidarité citoyenne, solidarité avec
les civils palestiniens de Gaza, avec les membres du mouvement
international de solidarité et avec des citoyens israéliens comme nous,
qui aspirent à une vie fondée sur l’égalité et la justice en
Israël-Palestine.
Malheureusement, la machine de propagande israélienne utilise également
la création artistique, y compris le cinéma, pour donner d’Israël
l’image d’un Etat démocratique et éclairé, afin de camoufler des crimes
de guerre, la ségrégation, l’occupation et la répression.
L’establishment israélien inaugure des campagnes de “repositionnement”
publicitaire et des opérations d’image de marque en collaboration avec
le ministère des affaires étrangères et celui de la culture, alors qu’en
Israël, la ministre de la culture répète que « le cinéma israélien
prouve à chaque fois que la culture est la meilleure ambassadrice de
l’Etat”. La même ministre s’en prend violemment et publiquement à toute
critique de l’occupation et de l’apartheid, que celle-ci soit exprimée
par des artistes citoyens israéliens ou étrangers.
Le gouvernent israélien emploie un appareil de terreur et de censure
contre toute possibilité d’expression artistique palestinienne libre.
Cet appareil persécute des artistes et des intellectuels palestiniens,
empêche des projections de films, des conférences académiques et des
évènements culturels. Et interdit l’entrée sur le territoire aux
artistes et intellectuels internationaux qui souhaitent exprimer leur
solidarité avec les opprimés.
Nous refusons de faire partie de cette machine bien huilée de
propagande, nous refusons de prendre part au camouflage de l’occupation
et de la répression et de contribuer à la création d’une image de
“démocratie éclairée”. Nous refusons toute tentative de transformer le
persécuteur en persécuté, et l’agresseur en agressé – que ce soit dans
les eaux internationales ou dans le monde de la culture.
Nous sommes heureux que les gens d’Utopia soient nos alliés et
partenaires dans notre combat pour l’égalité et la justice.
Merci Utopia !
Premiers Signataires :
Udi ALONI, réalisateur
Ariella AZOULAY, cinéaste et essayiste
Mohammad BAKRI, réalisateur et comédien
Daphna BARAM, écrivaine
Yael BERDA, sociologue, poète
Tamar BERGER, écrivaine
Haim BRESHEETH, cinéaste et universitaire
Amit BREUER, productrice
Shai CARMELI POLLAK, réalisateur
Sami Shalom CHETRIT, cinéaste, écrivain, poète
Scandar COPTI, réalisateur
Anat EVEN, réalisatrice
Jack FABER, artiste visuel
Yael FREIDMAN, enseignante en cinéma
Natalie HAZIZA, réalisatrice
Ala HLEHEL, écrivain et scénariste* *
Avi HERSHKOVITZ, réalisateur
Rachel Leah JONES, réalisatrice
Hagit KEYSAR, artiste visuelle
Yael LERER, éditrice, éditions Andalus
Juliano MER-KHAMIS, cinéaste, metteur en scène, comédien
Erez MILER, artiste visuel
Ruchama MARTON, présidente de PHR
Rela MAZALI, écrivaine
Judd NE’EMAN, réalisateur, lauréat du Prix Israël du Cinéma
Ofer NEIMAN, universitaire
Ilan PAPPE, historien
Erez PERI, directeur du Festival des Films de Sud à Sderot
Zmira RON, metteur en scène
Oz SHELACH, écrivain
Eyal SIVAN, réalisateur
Renee SIVAN, muséologue
Mati SHEMOELOF, poète
Amir TERKEL, cinéaste
Eran TORBINER, réalisateur
Einat WEIZMAN, comédienne
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