En Palestine, une chanson de l'album "Chansons Têtues", Michel Bühler
A côté de son âne, sur un sentier de terre Un très vieil homme marche, pieds nus dans ses sandales Et c'est en Palestine et ça n'est pas hier Non: c'est ce matin même dans les collines pâles
Regarde bien, dit-il, cette route qui passe A deux pas large et lisse, et s'en va où je vais Elle n'est pas pour moi, ni pour ceux de ma race A des chemins d'exil nous sommes condamnés
A des chemins pierreux par la lois des soldats Qui font une prison de mon pauvre pays Qui bâtissent des murs et ne me laissent pas Aller jusqu'à mon champ, tirer l'eau de mon puits
Regarde bien dit-il, dans l'or de la vallée Le père de mon père, et son père avant lui Patients pareillement élevaient l'olivier J'ai fait ce qu'ils faisaient, mon fils m'aurait suivi
Mais bardés de fusils, des flammes pleins les yeux Des hommes sont venus, implacables, hurlant "Cette terre désormais nous appartient, va-t-en" Me voici l'étranger, le malvenu, le gueux
Regarde bien, partout montent leurs forteresses Où que le regard porte, blanches sur le ciel bleu Le fou s'en approche, ils le tuent, ils le blessent A croire que le soleil et le vent sont à eux
Sur le chemin montant le vieil homme s'arrête Ils ont les bulldozers, les blindés, les canons Je n'avais que ma sueur ma bête et ma charette Et mes seules mains pour défendre ma maison
Ils ont le feu du ciel, les bombes et le vacarme Contre l'acier brûlant que peut un coeur qui bat Et je n'ai plus de toit et je n'ai plus de larmes Mais je suis encore debout et je resterai là
Le vieux ajoute encore, et c'est aujourd'hui même Avant de s'en aller sans plus se retourner Avant de disparaître au tournant du sentier: Quand tu retrouveras au loin les gens qui t'aiment
Offre-leur de ma part des paroles de paix
(paroles et musique: Michel Bühler)
www.michelbuhler.com
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